Le spitz est tout simplement, pardonnez du peu, le représentant le plus direct des plus anciens chiens domestiqués en Europe. On peut même préciser : les plus anciens des chiens de compagnie puisqu’ils n’ont jamais eu d’autre fonction.

A force de dire que l’espèce canine est allée en se diversifiant au fil des millénaires et des siècles, on en vient à oublier qu’il existe encore des chiens proches du premier chien domestique. Bien sûr, les petits spitz ont été miniaturisés, leur silhouette standardisée et leur fourrure a gagné en somptuosité. Mais il faudrait beaucoup de mauvaise foi pour ne pas voir du prêmier coup d’œil leur proche parenté avec les spitz primitifs — à défaut de pouvoir visualiser les fameux « chiens des tourbières » dont les vestiges témoignent de la présence de l’espèce canine aux côtés des Européens de 1 âge de pierre.

Le spitz est typiquement européen. Il est traditionnellement connu en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, jusqu’en Pologne et dans les pays baltes, mais aussi en France, en particulier en Alsace. Le mot « loulou » témoigne, s’il en était besoin, de la présence traditionnelle de ce type de chien dans

notre pays. L’Italie s’est illustrée dans la miniaturisation précoce de ce type canin avec son volpino, son « petit renard ». Et pourtant la gloire de ce type de chien vient d’un des seuls pays où sa présence ancienne n’est pas avérée : l’Angleterre. Les éleveurs anglais, avec à leur tête la reine Victoria, ont sélectionné des chiens italiens et spécialement florentins, leur attribuant tout de même le nom de « pomeranian » de la province de Poméranie, qui était en cette fin de XIXe siècle prussienne. Le club allemand de la race date de 1899 et revendique depuis cette date sa vocation germanique. Demande finalement acceptée par la Fédération cyno-logique internationale en I960. L’examen des inscriptions aux livres généalogiques permet d’avoir une petite idée de leadership actuel : plus de 1 000 naissances en Grande-Bretagne, 600 en Italie, un tout petit peu moins en France, moins de 400 en Allemagne et 35 à 40 000 aux Etats-Unis. Quantité n’est pas qualité, bien sûr. Les petits spitz ne sont pas aujourd’hui « tendance ». Raison de plus pour jeter son dévolu sur l’un d’entre eux, il a plus de chances de se révéler très beau, et très tendre, c’est sûr !

Les petits spitz sont sans doute, avec le caniche, les chiens qu’on a le plus vus sur les scènes de

music-hall et les pistes de cirque. D’où une réputation très établie, et justifiée, d’intelligence et d’aptitude à l’éducation, en contradiction avec les qualificatifs qu’on leur a attribués : agressifs et aboyeurs. A moins que cela ne traduise une certaine réalité, des maîtres qui ne s’occupent pas suffisamment de leur chien. Et le spitz a besoin qu’on s’occupe de lui, ce qui est aisément compréhensible : il est au service exclusif de l’homme depuis des milliers d’années. Nul mieux que lui ne peut faire preuve d’autant d’attentions et de prévenance. Vous voulez l’éduquer : il répondra sans hésitation à tous vos ordres. Vous préférez lui voir tenir un rôle de confident ? Rien de plus facile. Vous le désirez plus actif, voire sportif ? Tant mieux, il adore ça.

Voilà en fin de compte un modèle d’adaptabilité, sans pour autant être dépourvu de caractère. Il a sa fierté et sait jouer au roi de la terre quand il est promené. Il se rend compte très vite que sa fourrure luxueuse est l’objet de regards admiratifs. Il reste pour autant un chien normal et bien bâti, sans aucune exagération, et sait donc faire preuve de beaucoup d’activité, mais aussi d’un tempérament équilibré.

La race, nous l’avons déjà souligné, se décline en trois variétés dont la taille peut osciller entre 15 et 36 cm. C’est important, et ce n’est pas tant une question de centimètres que de caractère. Un chien de moins de 20 cm au garrot est plus sensible, plus enclin à la nervosité : il se tient habituellement dans les bras, d’où son inclination à l’exclusivité. Un autre de plus de 30 cm est un vrai petit sportif, très à l’aise dans le jardin. Une partition des possesseurs va donc de soi : les moyens dans des familles avec enfants, les nains plutôt aux personnes seules — pas seulement âgées !