Mieux qu’un chien à la mode, le Yorkshire est devenu dans notre pays un chien véritablement populaire. Surtout depuis que certaines préventions dont il était victime ont disparu. Ce ravissant bout-de-chou a en effet réussi à faire comprendre qu’il n’est réservé ni aux dames ni aux stars de cinéma, qu’il est un vrai chien, capable de répondre à l’attente des maîtres les plus exigeants, et plus encore...

Démarré à partir des meilleures souches britanniques, l’élevage français produit de remarquables sujets. Mais cette réussite est ternie par un marché parallèle de très mauvaise qualité qui ne cesse de se développer. Les nuages viennent d’un peu partout : importations sauvages de chiens sans papiers, bradés quelques centaines d'euros ; chiots élevés en batterie qui atteris-sent dans les animaleries ; particuliers qui s’improvisent éleveurs pour arrondir leurs fins de mois... “C’est la crise, et nous en subissons les conséquences, déplore Liliane Richard, présidente du Club. Il est très difficile dans un tel contexte de faire évoluer une race dans le bon sens. Et puis on n’achète pas un chiot comme un paquet de café ; il faut prendre le temps de s’informer. J’ai vu récemment un soi-disant York - avec certificat de naissance - tout noir et frisé comme un caniche. C’est grave ! 

Le York a un caractère bien trempé, mais comme il affiche des airs de “sainte-nitouche”, on se dit qu’il cache bien son jeu, le coquin. Il suffit pourtant de l’observer quelques minutes pour comprendre de quel bois il est fait. Sa frimousse éveillée, son regard scrutateur, le frémissement de vitalité qui parcourt son corps en disent déjà long. “Pour moi, le York est un chien qui vit en trois dimensions, déclare une éleveuse. Il est curieux de tout ce qui bouge, même lorsqu’il est à moitié endormi”.

C’est un terrier, certes de compagnie, mais un terrier avant tout. Autrement dit, il est fait pour bouger, marcher, courir, s’ébattre sans entraves ; il est apte à faire des excursions en montagne, du bateau... Tout est possible avec lui car il est rustique. Il s’adapte à une vie calme et sédentaire, mais il ne faut pas trop le confiner de crainte qu’il lui arrive quelque chose. En ville, on aura mille fois raison de le porter dans les bras ou dans un sac, car il est vulnérable aux coups de pieds dans la foule, et surtout à la pollution des pots d’échappement, un fléau qui fragilise les yeux et les voies respiratoires. Par contre, la pluie, la neige, la terre ou la boue sont de mauvaises raisons pour l’empêcher de toucher le sol : rien n’empêche de lui mettre un petit manteau imperméable et de lui laver les pattes au retour. L’essentiel n’est-il pas de lui faire plaisir ? Il ne faut pas non plus hésiter à lâcher le petit chéri dans la nature, car même s’il part au petit trot, rapidement il revient vers ses maîtres, puis repart de plus belle, etc. C’est un va-et-vient permanent et joyeux. Il adore folâtrer dans l’herbe, patauger dans les mares, mettre son nez dans les trous et fureter dans les buissons.

Ce comportement relèverait presque de la haute psychologie, car il est bien connu que l’ascendant n’est pas qu’une affaire de muscles. Cependant, il y a beaucoup de chiens à l’orgueil chatouilleux qui prennent au pied de la lettre ce type de provocation. Leur réponse immédiate peut être dangereuse, voire mortelle pour le York. Mieux vaut le prendre dans ses bras lorsqu’arrive un caïd en liberté. Et puis être conscient de sa témérité et en tester l’ampleur durant sa première année. Le harnais, qui permet de le soustraire rapidement aux crocs de l’adversaire, est alors préférable au collier. Ceci dit, un sujet bien socialisé, qui aura appris durant ses quatre premiers mois, avec sa mère, à l’élevage, à respecter les adultes, ira plus facilement flairer en toute sérénité un congénère, lequel n’y verra en principe aucun mal.