Les bases de la Zoo Dermatologie
Les bases de la Zoo Dermatologie
Bagage scientifique complet pour mieux comprendre la peau et le poil du chien
Les différentes couches de la peau
Epiderme : il est constitué de quatre couches :
o la couche germinative, la plus profonde, constituée par les kératinocytes, cellules responsables du renouvellement de l’épiderme, éliminées par desquamation (squames, pellicules) et les mélanocytes, cellules spécialisées produisant des pigments (mélanines) ;
o la couche de Malpighi ;
o la couche granuleuse ;
o la couche cornée, formée de cellules mortes (squames) empilées les
unes sur les autres et renfermant la kératine. Cette couche est très épaisse au niveau des coussinets digités.
Derme : il comprend deux couches : le derme papillaire et le derme réticulaire.
C’est le derme qui détermine l’épaisseur cutanée.
Hypoderme : beaucoup plus lâche que le derme, il permet la mobilisation de la peau par les muscles peauciers. Il semble particulièrement développé dans
certaines régions (plis du grasset, babines ...) et absent dans d’autres (lèvres, joues, paupières ...).
Le poil
Le pelage du chien est un ensemble complexe constitué par des poils de différents
types qui recouvrent presque totalement la surface du corps.
Anatomiquement, le poil comprend quatre parties :
o le bulbe pileux ;
o la racine ;
o la tige ;
o la pointe du poil.
Histologiquement, le poil se compose de trois zones :
o une zone centrale médullaire ;
o une zone périphérique corticale ;
o une cuticule écailleuse.
La gaine cutanée qui entoure la racine du poil s’appelle le follicule pileux.
Chez le chien adulte, les poils sont regroupés en groupes folliculaires : chaque groupe folliculaire comprend un seul poil primaire (poil de couverture), long et raide et des poils secondaires (sous poils), fins et souples. Les poils de la glande caudale et les poils sensoriels ne sont jamais regroupés. D’une manière générale, on distingue :
o les poils de jarre (de couverture ou de garde), longs, larges, pigmentés et
raides ;
o les poils de bourre (sous poil ou duvet), fins, courts, denses, peu ou pas
pigmentés ;
o les poils laineux très fins et très longs.
La longueur des poils (liée elle-même à la vitesse de croissance) et les variations en longueur et en nombre des poils primaires et secondaires aboutissent aux différents types de pelage.
Le renouvellement du poil se fait selon un certain cycle : « le cycle pilaire », qui comprend trois phases :
o la phase de croissance (phase anagène), dont la durée conditionne la longueur du pelage ;
o la phase d’arrêt (phase télogène), qui dure plusieurs mois ;
o la phase intermédiaire (phase catagène) : un nouveau poil commence sa
croissance et repousse l’ancien poil vers l’extérieur du follicule pileux.
Le cycle pilaire est sous contrôle génétique, mais les facteurs de l’environnement
(température ambiante, photopériodisme) sont également importants. La longueur du cycle
varie selon la race et les régions du corps, ce qui aboutit aux différents types de pelage.
Les annexes du poil
Les glandes sébacées sont associées aux follicules pileux : on parle de follicules pilosébacés. Elles fabriquent le sébum. Chez le chien, les glandes sébacées sont volumineuses et particulièrement développées dans les régions où les poils sont courts et dans les zones des jonctions cutanéo-muqueuses. Elles sont absentes au niveau de la truffe et des coussinets plantaires.
Sur la face dorsale de la queue (au niveau de la 8ème vertèbre caudale) est présente une zone ovalaire recouverte de poils plus longs, isolés et raides, associés à des glandes sébacées volumineuses. L’ensemble est appelé par un terme impropre « la glande caudale ».
Les glandes sudoripares sont moins développées que chez l’Homme. Elles ont essentiellement un rôle éthologique par l’odeur de leur produit de sécrétion et ne jouent aucun rôle dans la thermorégulation contrairement à leur rôle chez l’Homme.
Les muscles arrecteurs du poil, développés dans la peau du dos sont à l’origine du hérissement des poils.
Le film cutané de surface
La peau est recouverte d’un film cutané de surface (9) qui joue un rôle capital dans le
maintien de l’écosystème cutané.
Ce film cutané de surface est composé :
• de lipides : on distingue :
o Les lipides glandulaires qui proviennent essentiellement de la sécrétion des glandes sébacées : le sébum. Celui-ci contient divers lipides : cholestérol, cires et diesters et des acides gras labiles. La sécrétion sébacée est essentiellement sous dépendance hormonale mais des traumatismes et des irritations augmentent la sécrétion.
o Les lipides épidermiques stricts, qui proviennent de l’épiderme dont les éléments intercellulaires sont riches en lipides.
• de cellules cornées : les kératinocytes subissent un programme de différenciation et de maturation à partir de la couche germinative : la kératinisation. La kératinisation aboutit à la formation de cellules mortes, aplaties (cellules cornées) : les squames (pellicules). Cette couche cornée est une barrière entre l’organisme et l’environnement avant d’être éliminé par la desquamation en 25-30 jours.
En conclusion, le film cutané de surface est une émulsion constituée de lipides
(sébacées et épidermiques) et de cellules cornées.
Les principales fonctions de la peau du chien
Les principales fonctions de la peau (3) sont :
• la protection du milieu intérieur en maintenant une barrière efficace,
• la protection contre les agressions externes (physique, chimique, microbiologique),
• le stockage d’eau, d’électrolytes, vitamines, acides gras, protéines, glucide…,
• l’immuno-régulation (défense contre les micro-organismes, réactions inflammatoires),
• les sécrétions,
• la perception sensorielle, la production de vitamine D (formation des os).
La peau possède donc de nombreuses fonctions qui en font un organe vital. Elle est l’interface entre le milieu intérieur et l’environnement. La peau, et notamment l’épiderme, oppose une barrière au monde extérieur et constitue un système de défense du milieu intérieur très efficace. C’est une barrière ou un système de protection anatomique, chimique,
anti-bactérien et immunologique.
La peau : protection anatomique
Une protection contre les agressions externes
La peau est, par essence, un ‘organe barrière’ qui s’oppose à la pénétration d’éléments
étranger à l’organisme, mais aussi permet de retenir tous les éléments de l’organisme (eau,
ions, molécules). C’est l’épiderme et plus particulièrement la couche cornée qui joue ce
premier rôle mécanique de protection vis-à-vis des agressions externes.
Une protection contre la déshydratation
Le film cutané de surface joue un rôle majeur dans l’état d’hydratation de l’épiderme,
qui est normalement de 10%. Bien que faible par rapport à celle des autres éléments cutanés,
cette hydratation de la couche cornée est une clef de la santé et de l’esthétique de la peau.
L’épiderme est globalement imperméable à l’eau en raison de sa richesse en lipides.
Toutefois, à l’état normal, l’imperméabilité de l’épiderme à l’eau n’est pas totale :
o il y a toujours une légère perte d’eau vers l’extérieur, tandis que la pénétration d’eau est extrêmement faible. Par contre, une peau saine est imperméable aux protéines et peu perméables aux molécules de petites dimensions ;
o ces pertes augmentent lors de lésions épidermiques avec un effet pervers d’auto accélération : la déshydratation de l’épiderme diminue son imperméabilité et s’aggrave en proportion des pertes hydriques qui en résultent.
Conclusion
La réhydratation de l’épiderme et l’imperméabilisation qui en résulte constitue un acte majeur en dermatologie
La peau : protection chimique
La peau réalise une barrière chimique par l’intermédiaire du film lipidique de surface.
Chez le chien, les acides gras libres, présents en très faible quantité, proviennent d’une lipolyse enzymatique par des bactéries saprophytes de surface et interviennent dans la régulation du pH cutané qui varie de 5,2 à 7,2 (selon les régions du corps et probablement selon les races). Ce pH est beaucoup moins acide que celui de l’Homme.
Le sébum joue également un rôle dans le maintien de l’écosystème cutané (flore bactérienne résidente normale). Des modifications qualitatives et quantitatives du sébum favorisent la prolifération bactérienne à l’origine de pyodermites secondaires.
La peau : protection anti-bactérienne
La peau constitue une barrière bactériologique par l’intermédiaire d’une flore bactérienne cutanée normale que l’on dit ‘résidente’. Les bactéries se trouvent à la surface de la peau, dans la partie superficielle de la couche cornée et sont abondantes dans la partie externe du follicule pileux jusqu’à la glande sébacée. La flore bactérienne cutanée résidente est constamment présente à la surface de la peau et au niveau du pore du poil. Elle s’y développe et s’y multiplie sans être habituellement pathogène.
L’équilibre bactérien (bactériostasie), de stabilité précaire, bloque le développement des niches microbiennes de germes pathogènes mais peut, à tout moment, être rompu. Chez l’Homme, il a été montré que certains germes commensaux sécréteraient des antibiotiques capables d’inhiber le développement de micro-organismes pathogènes.
La peau : protection immunologique
La peau fait partie intégrante du système immunitaire, parce qu’elle contient de façon
constante des éléments propres au système immunitaire (macrophages, lymphocytes, …),
mais aussi parce que ses propres cellules sont capables de participer activement au
développement des réactions inflammatoires.
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L’organisation complexe de la peau lui confère de nombreuses fonctions. La peau est
un organe de protection vis-à-vis des agressions du milieu extérieur et une enveloppe pour le
milieu intérieur ; c’est un organe sécrétoire mais aussi excrétoire, un organe de stockage et
un organe de perception sensorielle.
Sa structure et les fonctions qu’elle assure permettent une protection efficace de
l’ensemble de l’organisme.