Comme on peut s’en douter, la fourrure absolument somptueuse qu’arborent les champions pris en photos ou paradant dans les expos est le résultat de soins très attentifs et minutieux. Mais le facteur déterminant, c’est assurément la génétique.
Quant aux couleurs, toutes les teintes sont admises, même celles qui s’accompagnent d’une truffe brune. Beaucoup peuvent être très belles, agrémentées ou non de mèches blanches au front et à la queue, très appréciées. Tout dépend si elles ont été travaillées, sélectionnées ou non par des éleveurs. La large palette permet en tous cas à chacun de mettre sa touche personnelle. On voit entre autres le doré, panaché ou non de blanc, le noir et blanc, le noir et feu voire le tricolore, le presque tout blanc et pourquoi pas le tout noir, sans oublier des tachetés de brun ou de gris.
Les premiers sujets étaient souvent noir et blanc. Dans le tout premier standard (description du chien idéal) publié par le Kennel club de Pékin en 1934, on mentionnait que les teintes miel et doré étaient très recherchées. Rappelons que l’or était la couleur de la cour impériale de Chine. Un peu plus tard, la comtesse d’Anjou, qui faisait partie des cynophiles occidentaux regroupés à Pékin dans le club déjà cité, publia un standard en français en 1946. Au chapitre de la couleur, celui-ci indiquait que le miel et le blanc étaient rares et recherchés.
Nous venons de mentionner deux dates qui constituent de bons repères dans le passé du shih-tzu. C’est en effet dans les années 30, qu’il fut connu par les Occidentaux résidant en Chine (essentiellement des milieux diplomatiques), lesquels en ramenèrent quelques spécimens qui ont constitué la base de l’élevage moderne. Quant à ses débuts en France, ils datent en effet de l’après-guerre.
Reprenons les choses par leur commencement. Le shih-tzu est une race tibétaine. Elle est arrivée en Chine à partir de 1643, début de la dynastie mandchoue. Le Tibet, vassal de l’empereur de Chine, offrit à partir de cette date, ses petits chiens-lions.
Il a une fourrure si dense et si longue que i’on ne peut pas ne rien faire. À partir de là, toutes les fantaisies sont possibles et ont d’ailleurs été explorées. Mais rappelons-nous qu’il reste avant tout un chien — et même un chien bien bâti — dont on peut encore déceler les origines de chasse.
Si le pelage, ses couleurs, ses toilettes et leur entretien monopolisent l’attention, il ne faudrait pas oublier qu’il y a un chien là-dessous. Un chien bien bâti, aux lignes équilibrées, très élégantes, mais sans finesse exagérée'. L’harmonie de sa morphologie est plus évidente chez les moyen et grand formats, dont la sportivité saute aux yeux, mais petit et toy sont également construits pour le mouvement. Quelle que soit leur taille, les caniches bougent, mais avec légèreté.
Non seulement ils bougent, mais ils sautillent et sautent : ils sont comme montés sur ressorts. Ce côté tonique n’est pas seulement une disposition d’esprit et de l’influx nerveux, c’est physique !
Attardons-nous encore sur la tête, très élégante et fine, mais non sous-développée, au sillon frontal typique, à la crête occipitale très visible, au stop très peu marqué. Les yeux ne sont pas ronds, mais légèrement obliques, en forme d’amande. Des yeux qui brillent comme du jais, sauf chez les marron au regard d’ambre. Le caniche a presque tout oublié de son passé de chasseur, mais sa truffe bien développée, aux narines largement ouvertes, et ses oreilles longues, attachées bas, trahissent des origines vraiment cynégétiques. Bien évidemment, son pelage très frisé et très épais, extraordinairement développé, se prête à toutes les fantaisies. Chaque époque a eu sa mode. Il fut un temps où le caniche cordé était un must. Il est aujourd’hui si rare que l’on peut se demander s’il ne va pas disparaître. On l’a vu également en zouave, en zazou, avec des macarons, en bains de mer — toilette rebaptisée « Saint-Trop » ou « Bermudes » dans les années 60-70 — ou à la sauce hollandaise. En version allemande, ce fut la Royal Dutch (rzc) caractérisée par de gros « boléros ».
À la coupe classique, dite continentale, s’est ajoutée en 1981 la toilette anglaise, avec un top-knot sur le crâne et un arrière-train qui n’est plus dénudé, mais sculpté en pompons. Depuis une dizaine d’années, cette toilette anglaise a évolué en « puppy », les membres postérieurs et antérieurs portants des pantalons. En fait de pompons, il n’v en a plus qu’un, à la queue. Caniches d’expos et de la rue ont finalement évolué en parallèle vers davantage de sobriété — sauf que les caniches de concours ont un top-knot démesuré qui s’appuie sur un manteau plus discret. Mais avec-plus ou moins de poil, selon qu’il est destiné à assurer le spectacle ou à vivre une vie normale, pourquoi le caniche ne resterait-il pas un chien aux formes équilibrées, à même de mettre en valeur sa vitalité et son dynamisme ?